Premier article | Marianne parle d'Hedda

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Henrik Ibsen offre au théâtre sa première femme moderne
Crée le 13/01/2005 à 7 h 00
Au 19ème siècle, dans une famille de la petite bourgeoisie provinciale norvégienne, Hedda Gabler tente d'échapper à sa condition…
« Mon temps est passé » dit Hedda Gabler. Alors qu'elle n'a que vingt-neuf ans, Hedda se croit une femme finie. Pourtant, la fille du général Gabler, appréciée et respectée de la bonne société, est séduisante et convoitée. Elle vient d'épouser Jørgen Tesman, promis à une belle carrière universitaire. De retour de voyage de noces, ils s'installent dans une somptueuse demeure bourgeoise. Mais Hedda, éprise d'absolu et de liberté, s'ennuie désespérément. Elle voudrait respirer, vibrer, vivre. Malheureusement sa condition de femme le lui interdit. Elle enfouit donc ses élans passionnés au plus profond d'elle, hantée par la peur du scandale. Le poids des conventions sociales se referme ainsi progressivement sur elle…
Alors que les autres comédiens ont un jeu marqué, l'actrice qui tient le rôle d'Hedda est toute en retenue. Cette distance révèle à quel point elle s'oppose à son entourage familial. Ses manières mondaines creusent encore la frontière qui la sépare de son entourage et témoignent son refus d'entrer dans cet univers « petit bourgeois ». Hautaine et fière, elle s'adresse à eux avec mépris et condescendance. La pièce ne compte qu'un seul décor : le salon de la maison des Tesman. Si l'on ajoute à cela l'étroitesse de la scène, il en résulte une impression d'encerclement qui frise l'étouffement. Plus l'intrigue se dénoue, plus l'étau se referme sur Hedda. Grâce à cette mise en scène intimiste, le spectateur ne peut que partager les souffrances d'Hedda. Car loin d'être cruelle, elle est fragile et victime de sa modernité dans une société étriquée.
Cette version d'Hedda Gabler ne bénéficie peut-être pas d'une tête d'affiche comme celle qui se joue à l'Odéon Théatre, mais elle a le mérite de réunir une troupe d'acteurs au jeu plein de fraîcheur et d'émotions. Une pièce sans prétention, intime et poignante, qui vaut le détour.
Hedda Gabler d'Henrik Ibsen Mise en scène par Marilyne Remer, jusqu'au 27 février, au Cyber Act, 5 passage de Thionville, 75019 Paris.
Auteur : Doreen Bodin

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